"Un modèle dynamique au service des territoires et des personnes". 

Résidétape a été créée il y a plus de vingt ans. Depuis, nous n'avons cessé d'évoluer et de nous développer. Dominique Giry, président de Résidétape et Mathias Levy-Noguères, directeur général de Résidétape dressent les perspectives pour les années à venir.

 

Quelle est la singularité de l'approche de Résidétape ?

Dominique Giry : Avec notre offre de logements temporaires et accompagnés, nous avons toujours eu une ligne directrice : nous mettre à l’écoute de la personne et de son environnement. Nous avons même une obsession : savoir comment répondre aux besoins des individus – en termes d’habitat, de services au sein de la résidence, d’accompagnement pour la mener sur le chemin du logement autonome. Nous nous distinguons ainsi par notre agilité à répondre aux besoins à la fois du territoire et de tous ceux qui font le territoire. Car, dans nos résidences, les publics sont chaque fois différents. Nous nous adaptons donc à leurs profils, aux contextes socio-économiques, aux spécificités des bassins d’emploi. Nous veillons aussi à notre intégration (y compris architecturale) au sein du quartier ou du projet d’aménagement dans lequel nous nous insérons. Nos récents projets à Lyon Gerland, Bordeaux Euratlantique et Créteil l’Échat notamment, sont des preuves de cette singularité.

Mathias Levy-Noguères : Cette agilité s’explique, en effet, par notre capacité à intervenir dans la conception des projets dès l’amont et en lien avec les politiques locales, dans toutes leurs dimensions. Notre point de départ peut ainsi être les besoins d’un employeur. Je pense, par exemple, au parc Disneyland Paris qui venait d’ouvrir ses portes et qui avait besoin de logements à proximité pour ses salariés – ce qui a signé l’acte de naissance de Résidétape – ou encore à notre opération de Saint-Nazaire, très liée aux chantiers navals. Bien sûr, notre point de départ peut aussi être les besoins d’une collectivité. Je citerai ici nos résidences de Créteil ou Montreuil, plus petites, où nous visions l’intégration des familles et donc avec un caractère social plus prononcé. Quel que soit le besoin, nous avons la capacité de décliner notre réponse localement.

Dans ce contexte, comment définiriez-vous votre contribution aux territoires ?

M. L.-N. : Elle est évidemment sociétale. Le logement est l’un des socles essentiels de la vie des individus. Il détermine une stabilité plus globale pour chacun et influe directement sur le travail, la santé, les relations personnelles… Ainsi, en résolvant cette question du logement pour des personnes qui, sans cela, n’en trouveraient pas (jeunes travailleurs, migrants, ménages aux revenus modestes, travailleurs en mobilité…), nous apportons une contribution importante à la cohésion sociale d’un territoire.

D. G. : Je dirais même que nous avons un rôle d’« amortisseur social ». Car nous proposons des solutions qui permettent d’atténuer les à-coups économiques et sociaux, de rendre leurs conséquences les moins brutales possibles sur les personnes les plus fragiles, qui sont les publics cibles de nos résidences. Cela résonne tout particulièrement en période de crise, qu’elle soit environnementale, économique ou même sanitaire. Mais tout l’enjeu est alors de déployer les bons modèles économiques pour assurer ce rôle, sans être un poids financier supplémentaire pour la collectivité.

Justement, vous êtes actuellement engagés dans une dynamique d’évolution de votre modèle. Pourquoi et quels en sont les ressorts ?

D. G. : Notre objectif est de mettre en place des outils qui nous permettent d’être toujours plus dans l’anticipation des besoins et de la transformation des modèles économiques. La création de notre fonds de dotation en 2016 en était une étape. En nous ouvrant aux financements philanthropiques et de mécénat, nous sortons des codes habituels du logement social. Cette dynamique s’étoffe désormais avec la création récente de notre foncière Novétape. Celle-ci matérialise notre ambition d’intégrer toute la chaîne de valeur. Grâce à elle, nous pouvons aller plus loin dans notre action et proposer des solutions plus complètes et pérennes. Dans une logique à la fois de mutualisation et de maîtrise de l’économie globale des projets. Mais aussi de qualité par une supervision de l’ensemble des métiers, ce qui nous permettra de concevoir des programmes toujours plus en phase avec les attentes des acteurs territoriaux. Par ailleurs, en étant une foncière de droit privé à vocation sociale, elle ouvre la voie à des financements nouveaux – privés et solidaires – provenant des fonds à impact, c’est-à-dire des financements propres à l’économie sociale et solidaire mais pourtant peu utilisés jusque-là dans le monde du logement et de l’habitat.

M. L.-N. : Que ce soit avec le fonds de dotation ou la foncière Novétape, nous confirmons notre capacité à densifier et élargir nos interventions en diversifiant à la fois les partenariats et les modes de financement. Tel est le sens de notre dynamique actuelle qui vise, à terme, la constitution d’un groupe de l’économie sociale et solidaire dans le domaine de l’habitat et du service.

Sur cette base, comment vous projetez-vous vers l’avenir ?

D. G. : Une chose est certaine : notre offre de services s’adaptera aux nouveaux besoins. Bien sûr, Résidétape a une histoire, des convictions, des valeurs. Ce sont nos fondations. Mais nous restons toujours à l’affût des évolutions de la société. On le voit bien, tout est mouvant et nous devons faire preuve de souplesse et réactivité. L’évolution du monde du travail qui était au coeur de la création de Résidétape ne cesse de se poursuivre avec l’apparition de nouvelles formes de travail, de mobilité… Nous voyons aussi émerger de nouvelles attentes en termes de démocratie, de participation, de convivialité. Sans oublier, évidemment, la montée des préoccupations environnementales. Tout ceci a un impact direct sur le rapport des individus aux espaces, mais aussi aux besoins en accompagnement social et administratif. Formes alternatives de logement et tiers‑lieux voient le jour – coliving, habitat participatif, bureaux partagés… Être à l’écoute des évolutions sociétales, c’est aussi prendre la mesure de ces transformations qui ne manqueront pas de s’accélérer.

M. L.-N. : En nous inscrivant dans ces tendances, nous sommes porteurs d’une vision large de l’habitat qui dépasse le seul logement pour englober l’expérience de vie des habitants et s’ouvrir de plus en plus sur son environnement. Ce qui nous imposera de réfléchir de manière toujours plus large – en intégrant encore plus la cohésion sociale et territoriale, le développement durable, la qualité de vie… Peut-être que demain nos résidences accueilleront dans leurs rez-dechaussée des habitants du quartier, des services qui auront trait aux circuits courts, à des formes de conciergerie, d’espaces de travail partagés, pour répondre aux nouveaux modes de vie.

Mais en gardant notre marque distinctive : savoir nous positionner à l’interstice de ce qui existe déjà, c’est-à dire en tentant d’apporter des solutions à des besoins non couverts, émergents ou complexes, qui ne trouvent pas forcément de réponses adéquates dans les dispositifs traditionnels. C’est en cela aussi que nous portons une vision moderne et entrepreneuriale de l’économie sociale